Sport et politique de la ville, un mariage à consommer

Publié par Labo Cités le 9 novembre 2020

Entre les acteurs.trice.s du sport et de la politique de la ville, les représentations ont la vie dure, à tort ou à raison : relations quasi inexistantes, acteurs.trice.s sportif.ve.s n’intégrant pas les enjeux sociétaux dans leur projet, acteurs.trice.s de la politique de la ville classant les projets sportifs dans la catégorie des loisirs uniquement… Pourtant les choses peuvent changer, comme nous le prouvent ces trois propositions issues des échanges entre professionnel.le.s.

Les idées et propositions qui suivent sont issues des participant.e.s aux ateliers collectifs de la journée du 9 mars 2017, intitulée Vers un sport qui lutte contre les discriminations, première journée du cycle d’échanges « Sport et quartiers » organisé par Labo Cités de 2017 à 2019.

Sport et politique de la ville, un mariage à consommer
© David Desaleux

1. L’aménagement du territoire

Il faut certainement faire le deuil de l’idée que sur tous les territoires, il y a tous les sports, pour tous et tout le temps. Autrement dit, disposer d’une offre sportive de proximité, diversifiée et exhaustive dans les quartiers prioritaires est donc une illusion. Il semble aujourd’hui plus intéressant de penser la diversité dans une logique de proximité/mobilité, c’est-à-dire réfléchir l’aménagement du territoire avec une offre sportive de proximité et une organisation des transports en commun dans le reste de la ville, afin de gommer au maximum les inégalités.

Pour cela, plusieurs pistes :

  • Mettre en place une véritable politique de mobilité, en créant les conditions matérielles et financières afin que chacun.e puisse se déplacer pour profiter à toute heure de l’ensemble des équipements sportifs, pour la pratique et/ou le spectacle, via les transports publics et aussi les autres modes de transport (exemple : réseau de covoiturage)
  • Pour lutter contre les idées reçues et les représentations, créer des évènementiels sportifs dans les quartiers prioritaires et hors des quartiers prioritaires : pour que les habitant.e.s des quartiers prioritaires se déplacent vers le reste du territoire mais aussi pour amener d’autres habitant.e.s dans les quartiers prioritaires. Pour cela, il faut que la programmation et l’organisation de ces événements bénéficient de la même attention et des mêmes moyens (financiers, préparation, communication…) que les projets de droit commun. Il faudrait également que ces évènements réunissent tous les acteurs du territoire (associations, clubs, collectivités, acteurs sociaux, habitants, etc.) dans la préparation, l’animation et l’accessibilité (systèmes de garde mutualisés, retransmissions en temps réel et rediffusions sur internet, modes de transports, etc.)
  • Mettre en place une véritable politique d’accueil des pratiquant.e.s et de leur famille dans la vie associative (gouvernance, bénévolat…)
  • Imaginer des espaces complémentaires, au sein des équipements sportifs, pour proposer aux familles et accompagnant.e.s des activités pendant le temps d’entraînement de leur enfant. Par exemple : garde pour les tous petits, soutien scolaire, accompagnement social...
     

2. Les moyens et la pérennité des dispositifs

Dans les quartiers prioritaires, le manque de moyens est un véritable frein à la pratique sportive. Les pouvoirs publics et les associations/clubs doivent mettre en place des dispositifs luttant contre les inégalités, comme par exemple : visite médicale gratuite pour obtenir un certificat, service de prêt de matériel et d’équipement sportif pour les familles, aide pour les cotisations et licences, etc.

Ces pistes doivent se réfléchir sur le long terme et ne pas se concentrer sur une seule année. Il faut donc assurer la pérennité des financements, tout en demandant aux porteurs de projets des critères de mesure d’impact engageant la durabilité des actions.

De plus, les institutions doivent jouer un rôle de coordination car le sport est un outil facilitateur du développement social urbain. Il faut donc y investir des moyens humains (par exemple un service dédié) et/ou s’appuyer sur des compétences professionnelles identifiées (par exemple : les acteurs de la politique de la ville ont développé une véritable ingénierie de l’aller vers pour faciliter les initiatives, répondre aux attentes et besoins des habitant.e.s et ainsi favoriser la cohésion sociale et territoriale).
 

3. Créer des partenariats et mobiliser des ressources pour soutenir les initiatives

On constate qu’il y a une grande distance entre le monde du sport et celui de la politique de la ville, ce qui entraine un problème de cohérence et de visée commune, pourtant nécessaire à l’efficacité des actions. L’enjeu est donc de se rapprocher, de renforcer les liens et de bien comprendre la place occupée par les acteurs.trice.s du sport dans les quartiers prioritaires pour lutter contre l’isolement de certaines structures et engager un travail coopératif afin de coconstruire un véritable projet sportif de territoire.

Plusieurs solutions peuvent être envisagées :

  • Assurer un maillage fort des différents acteurs.trice.s territoriaux qui travaillent sur l’éducation, l’enfance et la jeunesse : il y a souvent peu de relations entre tous les secteurs, sans référent.e connu.e et reconnu.e et des acteurs.trice.s qui ne sortent pas de leur contexte professionnel. L’idée est donc d’avoir une réponse réactive et coordonnée à tout problème rencontré, à l’image des référent.e.s de parcours dans les programmes de réussite éducative, qui coordonnent tous les acteurs.trice.s (familles, associations, écoles, maisons de quartier, acteurs.trice.s sociaux.ales…), afin d’assurer le suivi des enfants jusqu’à leur orientation professionnelle (=parcours de vie). Cela nécessite de trouver un.e référent.e ayant la confiance de tous, qui a une formation et une posture ouverte (voir point 2).
  • Animer des temps d’échanges entre le mouvement sportif, les acteurs.trice.s sociaux.ales, les associations et les habitant.e.s en vue de coopérer, mutualiser, s’ouvrir. Cela nécessite de repérer les acteurs, de trouver un intérêt commun, de communiquer.
Labo cités

À propos de l'auteur

Labo Cités

Le centre de ressources Labo Cités est un espace d’informations, d'échanges et de qualification pour les acteurs de la politique de la ville intervenant en Auvergne-Rhône-Alpes: agents des collectivités locales et de l’État, élus, acteurs du champ social, responsables associatifs, opérateurs et organismes d’appui, chercheurs, conseillers citoyens…

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